Sa Majesté le Roi Mohammed VI, Président du Comité al-Qods, s'est entretenu au téléphone avec le Président de l'Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas. Celui-ci, réaffirmant une démarche des dirigeants palestiniens, marquée du sceau d'une fidèle amitié aux Souverains du Maroc, a informé Sa Majesté Mohammed VI des derniers développements au sujet de la Palestine. L'entretien, et ce n'est pas le moindre signe, intervient à la veille de la visite du Président des Etats-Unis, Barack Obama, dans le Proche-Orient.
C'est la continuité certaine des concertations maroco-palestiniennes et
aussi l'occasion pour le Souverain de réitérer son soutien à la
création d'un Etat palestinien indépendant, avec al-Qods comme
capitale. La position du Maroc, inspirée par l'équité et une solidarité
agissante avec le peuple palestinien, est de nouveau réitérée par la
voix de S.M. le Roi à un moment où, peut-être, le dossier du
Moyen-Orient semble repartir sur les rails des négociations
internationales. Et c'est demain que Barack Obama, Président des
Etats-Unis, prononcera au Caire un discours que tous les peuples
attendent avec un vif intérêt.
D'ores et déjà, les commentaires vont bon train sur la portée encore
méconnue de cette allocution que le Président américain veut décisive
et qui inaugure, à vrai dire, une ère nouvelle dans les relations de
l'Amérique avec les pays arabes. Après avoir reçu successivement à
Washington, à une semaine d'intervalle, le Premier ministre israélien,
Benyamin Netanyahu, et Mahmoud Abbas, Président de l'Autorité
palestinienne, Barack Obama se rendra au Caire, là où se croisent un
certain nombre d'activités, notamment interpalestiniennes après
l'agression israélienne contre Gaza en janvier dernier. A s'en tenir
aux éléments officiels, de l'ordre des déclarations et des confidences
non dites, le Président américain se fait un point d'honneur, dit-on,
de réconcilier les Palestiniens et les Israéliens. Il a exprimé ce vœu
et n'entend pas en découdre.
L'objectif est noble, mais pas nouveau, tant il est vrai que bien de
ses prédécesseurs, de Jimmy Carter à Bill Clinton, y ont épuisé leurs
forces. Sans soute, Barack Obama a-t-il plus de moyens et
bénéficie-t-il plus que les autres d'un capital de sympathie pour
exercer les pressions nécessaires sur l'Etat hébreu afin qu'il adhère à
son projet de paix.
Rien ne garantit cependant que ce dernier acceptera la démarche
américaine et se résoudra tout de suite à cette option centrale et
incontournable qu'est la création d'un Etat palestinien indépendant.
Cette option, le Royaume du Maroc ne cesse de la défendre et d'en faire
l'un des piliers de sa diplomatie.
Quelques semaines après son installation à la Maison- Blanche, Barack
Obama a fait vœu de déployer tous ses efforts pour la création d'un
Etat palestinien, aux côtés de l'Etat d'Israël. La visite entreprise en
février par Hillary Clinton, secrétaire d'Etat, au Proche-Orient avait
pour objectif, outre poser les jalons et conforter une telle
conviction, de transmettre le message aux protagonistes. Le contenu de
ce message, adressé également aux dirigeants israéliens qui avaient élu
entre-temps une nouvelle majorité et un nouveau Premier ministre,
soulignait la nécessité pour Israël d'abandonner sa politique de
colonisation et d'occupation des territoires palestiniens, en
Cisjordanie et à Gaza. Le plan de Barack Obama pour la question
palestinienne ne tombe pas du ciel.
Il s'appuie sur des précédents, renouvelle même un référentiel qui
avait nourri autrefois de grands espoirs, lorsqu'en 1991 un James
Baker, alors secrétaire d'Etat, avait réussi à organiser la conférence
de Madrid sur la paix et faire adhérer au principe de négociations
l'irréductible Itzhak Shamir. Le Président Obama souhaite que les
Arabes reconnaissent l'existence de l'Etat d'Israël et que cette
reconnaissance soit explicitement assortie d'un principe irréfragable,
celui des « mesures de confiance à l'égard d'Israël ». En 2002, comme
en 2006 à Beyrouth, les gouvernements arabes avaient accepté le
principe de reconnaissance d'Israël et s'étaient engagés à faire la
paix avec lui.
Le Maroc, aujourd'hui encore plus qu'hier, déploie d'intenses efforts
pour dynamiser le processus de recherche d'une solution équitable. Il
n'a jamais renoncé à son engagement, comme il l'a toujours fait par le
passé. La dynamique de paix israélo-arabe et israélo-palestinienne a
constamment trouvé son point d'appui au Maroc. Elle ne pouvait être
perçue sous forme d'une nébuleuse sans objectif, mais prenait son sens,
son envol et l'une de ses dimensions au Maroc, pays dont l'engagement
et le rôle pour favoriser la paix ne se sont jamais démentis. Aussi
bien les Israéliens que les Palestiniens, voire les Arabes le savent.
Et le reconnaissent. Il n'est que de rappeler dans ce contexte
rétrospectif que lorsque le Président Anouar Sadate partit en 1980
négocier les accords de paix avec Israël à Camp David, son voyage de
retour en Egypte fut marqué par l'importante escale qu'il effectua à
Rabat avant de regagner Le Caire.
Le Maroc est un Etat qui se sent investi d'une mission de paix, qu'il
s'agisse du Moyen-Orient, traversé par six guerres israélo-arabes (1948
après les spoliations, 1956; 1967; 1973; 1982 au Liban; 2006 encore au
Liban), ou d'autres régions de la planète. Des «bons offices», du
rapprochement des peuples et jusqu'aux opérations de solidarité
ponctuelles ou permanentes avec les autres Etats, il fait son credo et
sur son fronton est inscrit le concept de paix qui a pris sa réelle
dimension. Le processus qui semble s'ébaucher sous la houlette du
Président Obama ne peut que réjouir les pays arabes et le Maroc en
particulier.
Encore faudrait-il qu'il fût tenu compte de la revendication
essentielle à triple détente du peuple palestinien : recouvrer son
indépendance par un Etat reconnu; récupérer al-Qods pour en faire la
capitale de son Etat et enfin récupérer ses territoires occupés par
Israël, lequel doit mettre définitivement fin à son programme de
colonisation de terres en Cisjordanie et à Gaza. C'est la condition
«sine qua non» à laquelle notre pays apporte tout son soutien et le
poids nécessaire.
LE MATIN DU MAROC